Notre atelier de Porto Vecchio
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Dans notre atelier de Porto Vecchio, le temps de travail se répartit plus ou moins de la façon suivante : 30% pour la taille du corail, 50% pour la conception et réalisation des montures (bijouterie joaillerie) et 20% pour le montage, la finition et le contrôle des bijoux sous-traités, le SAV et les réparations.

Mais tout d’abord, il faut distinguer le métier de lapidaire ou tailleur de corail de celui de bijoutier joaillier. Les deux métiers sont semblables et différents à la fois.

Lapidaire et tailleur de corail

Du métier de lapidaire se détachent quelques spécialités. Comme la marqueterie dans le travail de la nacre ou la taille des camées assimilée à la gravure. Mais aussi la réalisation d’objets en sculpture. Bien que spécifiques, ces techniques font bien parties de l’art du lapidaire. La base du métier, quant à elle, remonte à des temps anciens. Elle consistait à donner des formes et à faire ressortir la couleur et l’éclat des minéraux. Ceci bien avant la découverte des tailles à facettes sur certains gemmes.

Pour ce qui est du métier de tailleur de corail, il consiste dans la taille d’amulettes ou d’objets représentatifs, de billes, de formes géométriques en cabochon ou plaquettes. Ou, plus simplement, dans l’utilisation de la matière naturelle en bâtonnets et franges. La taille par meulage et polissage sur la matière brute et opaque (qui n’est et ne ressemble pas à une pierre) reste, malgré l’évolution des machines outils, un travail manuel et artisanal.

Bijoutier-joaillier

Le bijoutier réalise des bijoux en métal (précieux ou non), terre, verre, textile, bois…en petite série ou en pièce unique. Il travaille la matière selon des techniques diverses, adaptées au matériau utilisé. Or, argent ou platine sont les matériaux de prédilection du bijoutier en métaux précieux. II utilise la fonte à la cire perdue, la soudure ou le martelage pour mettre en forme le bijou avant d’en réaliser les finitions.
Le joaillier réalise des bijoux ornés de pierres précieuses ou fines. Il prévoit l’emplacement au sein duquel la pierre sera mise en valeur, perce la monture puis procède au fraisage afin d’accueillir la pierre.
Le bijoutier fantaisie réalise des bijoux à vocation d’accessoires de mode ou de parures à partir d’une grande variété de matériaux : laiton, strass, cristal, perles d’imitation, verre, émail, papier, liège, matériaux de récupération (Définition de l’Institut national des métiers d’art).

Marc Robbez Masson explique ici les différentes étapes de fabrication d’un bijou en corail

Que ce soit Anne, notre bijoutière, ou moi-même, nous avons fait notre apprentissage à Paris. A la Chambre syndicale de la bijouterie joaillerie. Plus connue sous le nom d’école de bijouterie joaillerie de la rue du Louvre. Certainement la meilleure formation possible ! Tous les jours à l’atelier de Porto Vecchio ne sont pas des jours de création ou de réalisation. Il y a aussi beaucoup d’autres tâches et, dans une petite structure comme la nôtre, nous les assumons au quotidien.

Mais voyons les plus intéressantes… Beaucoup parlent de création, je préfère dire conception. D’un nouveau modèle ou même d’une nouvelle ligne. Souvent, je commence au bureau : papier et crayon pour les premiers croquis. Déjà dans ma tête, il y a la forme, le style, la façon de porter ce futur bijou. Il sera complètement nouveau ou bien sera une déclinaison de forme que j’aurai déjà réalisée. Ou tout droit sorti de ce que mon inconscient a emmagasiné. Ou encore, complètement imaginaire ! Quelques fois, le bijou est irréalisable. Nous n’établissons pas de cahiers des charges, mais nous connaissons les contraintes liées au corail ainsi qu’à son coût de fabrication. Une fois les premières idées jetées sur le papier, l’approbation de l’entourage obtenu, alors la réalisation de la maquette peut commencer. Mais avant, il faut savoir si le bijou sera une pièce unique ou une série. Cela déterminera le mode de fabrication de la maquette ou du prototype. Ou bien du bijou unique.

De la maquette au sertissage

Traditionnellement, on part du métal en plané (plaque) et du fil pour réaliser les découpes, les assemblages et les mises en forme par pliage, embouti… Ou bien, on réalise tout ou partie du modèle en cire. Ce qui ressemble au travail de la sculpture. La pièce obtenue en cire sera confiée à un fondeur qui transformera la pièce en métal (procédé de la cire perdue). Le bijou sera alors repris à la lime, assemblé et poli. S’il y a des pierres prévues sur le futur bijou, il sera envoyé à notre sertisseur qui fixera chaque pierre. Les différents modes de sertissage peuvent être réalisés avec des griffes, avec des grains ou sertis clos.

Les différentes étapes pour tailler le corail

La première étape est le nettoyage du corail. On le trempe dans de l’eau et du chlore pendant quelques heures. Ce mélange va débarrasser les branches de leur “peau”. Elles laissent alors apparaître leur couleur naturelle. Ensuite, on dégage grossièrement les excès de substrat (roche) et l’on fait un premier tri par grosseur. Dans le même temps, on extrait à la main les pointes qui peuvent être cassées. Tout ceci permet de bien faire connaissance avec son corail brut ! C’est là qu’on sait si on a bien acheté !

Marquage et coupage

L’étape suivante est primordiale pour rentabiliser son stock. C’est le marquage. Avec un crayon, on désigne les coupes à réaliser. Pour cela, il faut parfaitement connaître la demande. Les gros ateliers qui ont la capacité de stocker ne se posent pas de questions. Quant aux plus petits, ils hésitent et attendent la demande, c’est plus prudent. Pour ses fabrications, Marc Robbez Masson coupe plutôt au coup par coup, le morceau qui correspondra le mieux aux critères qu’il recherche.  La forme, la dimension, la couleur et la qualité font partie de ces critères. En général, on débite le corail à la scie circulaire diamantée. La matière craint la chaleur par la flamme comme par échauffement avec un outil. C’est la raison pour laquelle,  il y a toujours de l’eau pour le sciage, le meulage ou le perçage.
Le corail rouge n’est pas très dur (3.5 sur l’échelle de dureté de Mohs). Dans l‘atelier de Porto Vecchio, il se travaille avec des outils diamantés, des meulettes en tungstène ou des meules carborundum car il craint les vibrations qui peuvent le fissurer. C’est pourquoi le lapidaire ou tailleur doit y être très attentif.

L’éclat du polissage

Après la taille, intervient le polissage. Cette opération diffère selon le type de marchandises. Les perles, cabochons ou les petites pièces taillées (comme des cœurs, par exemple) seront polies en quantité dans des tonneaux remplis d’eau et de ponce. A Torre del Greco, beaucoup d’ateliers polissent de manière traditionnelle : dans un sac de jute que l’on brasse manuellement sur ce qui ressemble à un lavoir en bois. La multitude de pièces en corail se frottent les une aux autres avec la ponce et l’eau comme des cailloux dans les courants d’un fleuve et se polissent ainsi. Tandis que les pièces plus importantes, les plus fragiles ou sculptées sont polies sur des tours avec des brosses douces et différentes pâtes abrasives. Le polissage donne de l’éclat et délivre la couleur finale du corail.

Entretien du corail

Néanmoins, il faut savoir et accepter que le brillant obtenu ne durera pas. Avec le temps, le corail se patine. Ce n’est pas une matière synthétique mais naturelle et non traitée. Autrefois, beaucoup de pièces en corail étaient sculptées ou taillées à facettes, le corail n’était pas autant polis qu’aujourd’hui. Pour conserver une certaine brillance, voici quelques conseils d’entretiens du corail.

Pour entretenir le corail, il est recommandé, après l’avoir porté, de l’essuyer et de ne pas l’exposer à des produits cosmétiques. Si toutefois son éclat était altéré, il peut être lavé à l’eau froide avec du  savon de Marseille. Pour ensuite bien le sécher et le nourrir avec une matière grasse telle que de la vaseline ou de l’huile naturelle. Le corail rouge de Méditerranée est une matière précieuse et délicate. Mais il gagne à prendre une patine naturelle au fil du temps.